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Sans Alcool : la fête est plus folle ?

Sans Alcool

Depuis vingt-cinq ans, on observe une constante : les habitudes alimentaires sont tout sauf figées. Les tendances, qu’elles soient de fond ou de passage, traversent les époques et les secteurs, s’invitant tour à tour dans nos assiettes, nos verres et même nos discussions de comptoir.


La viande ? Sans cesse réinventée.

Le gluten et le lactose ? Tantôt diabolisés, tantôt réhabilités, souvent pour des raisons culturelles, parfois pour la santé ou par effet de mode.


L’alcool, lui aussi, se retrouve aujourd’hui au centre du jeu : on questionne sa place, son rôle dans nos moments de convivialité, et même son avenir dans les cartes des restaurants et bars.


Mais au fond, qu’est-ce qui fait réellement basculer une habitude de consommation ? Pourquoi certains produits deviennent-ils soudain des incontournables… ou au contraire des suspects à éviter ?


C’est ici qu’entre en scène la magie, ou la folie, des influences.


Prenez l’exemple (volontairement absurde, mais terriblement parlant) de l’ortie : il suffit d’un cocktail bien dosé entre la communication d’experts sur ses vertus détox, quelques recettes malignes qui font le tour des réseaux sociaux, l’idée qu’elle incarne la lutte anticapitaliste… et pour couronner le tout, Taylor Swift, lovée dans une baignoire d’orties sur Instagram.


Résultat : en un clin d’œil, l’ortie devient « le » produit du moment.


Mais pour combien de temps ?


Derrière cette image, mi-sérieuse, mi-provoc’, se cachent de vraies questions : comment une tendance s’impose-t-elle ? Quels mécanismes, quelles influences sont à l’œuvre pour bousculer des habitudes pourtant bien ancrées ? Et jusqu’où ira la « désalcoolisation » de nos moments festifs ?


Autant de questions qui méritent, avant d’entrer dans la rétrospective et l’analyse, qu’on s’y arrête : car la fête, avec ou sans alcool, n’a jamais cessé d’être le reflet de notre époque… et des petits buzz qui l’agitent.


Si l’on regarde dans le rétroviseur, l’histoire de la consommation d’alcool en France ressemble à une longue transformation, parfois douce, parfois brutale.


Jadis, les débits de boissons se comptaient par milliers, ancrés dans la vie quotidienne : cafés, bars et brasseries étaient avant tout des temples du liquide, où le solide venait souvent après.


Mais la société a changé de braquet : la santé publique a placé alcool (et tabac) sur la liste des produits à consommer « avec modération », voire à réduire.


Naturellement, la restauration s’est adaptée : le liquide reste indissociable de l’expérience, mais la façon de le consommer a changé de prisme.


Fini le ballon de rouge à 8h du matin au comptoir ! On est passé, en quelques décennies, d’une consommation massive et banalisée à une logique plus choisie, plus festive – et, il faut bien le dire, plus encadrée.


Concrètement, cela s’est vu :


  • Moins de volume, plus de diversité : la bouteille a cédé sa place au verre, le vin du midi a reculé, tandis que les moments festifs ont pris le dessus.


  • Transparence et responsabilité : la montée en puissance des vins « nature », portés par une clientèle jeune, exigeante et attentive à l’impact.


  • Explosion des cocktails et de la mixologie : le Spritz, star des terrasses et du pairing inattendu avec la pizza, a ouvert la voie à une nouvelle génération de bars et de concepts, et a complété l’instant happyhour / afterwork que les restaurants sont venus greffés à leur quotidien il y a une petite quinzaine d’années.


  • Montée en gamme et premiumisation : bières artisanales, spiritueux de niche, expérience à la carte.


  • Bière en mutation : recul des blondes classiques, montée  des bières d’abbaye, puis des microbrasseries, puis des IPA, pour un retour des blondes… et enfin, le début des bières sans alcool, preuve que l’innovation est partout.

 

Mais derrière ce panorama foisonnant, la réalité du marché, c’est aussi :


  • Des volumes en baisse,

  • Des choix limités par les prix,

  • Une expérience qui doit convaincre pour justifier le ticket.



Aujourd’hui, dans beaucoup de restaurants, on se retrouve face à une carte où le cocktail flirte souvent avec les 14 €. Et là, tout est dit : si l’instant n’est pas exceptionnel ou que le budget du mois a déjà fondu, le consommateur, lui, fait vite son choix : ce sera sans moi… ou alors, peut-être, sans alcool ?


C’est dans ce contexte mouvant que s’imposent les alternatives à l’alcool classique : mocktails, softs signatures, créations sans alcool… 

En somme, une nouvelle « protéine liquide » qui réinvente la fête sans jamais la dénaturer, et qui offre aux professionnels un vrai terrain d’innovation.


Mais la question reste entière : assistons-nous à une baisse structurelle de la consommation d’alcool, ou simplement à un effet de contexte ?


Chez Strateg’eat, on mise sur la seconde hypothèse : si la consommation recule, c’est surtout le fruit d’une conjoncture tendue – fréquentation en berne, pouvoir d’achat sous pression, et une offre parfois trop timide pour réellement séduire. N’oublions pas que dans toute crise, les changements s’accélèrent… et parfois, des habitudes temporaires deviennent des réflexes durables.


L’exemple de la livraison – devenue une norme post-Covid, à un niveau jamais imaginé – le prouve : un contexte particulier peut ancrer de nouveaux usages pour de bon.


Dans le cas de l’alcool, cette période pousse à la découverte de nouveaux terrains : des produits plus qualitatifs, plus locaux, plus variés, mais aussi plus intelligemment mis en avant.


Prenons la tequila : autrefois symbole des nuits épiques (et parfois floues) en discothèque, souvent expédiée en mode Tec-Paf avec sel et citron, elle vit aujourd’hui une véritable montée en gamme.


Outre-Atlantique, là où l’on peut croiser un bar bien achalandé dans un lieu de street food, elle peut s’inviter en plusieurs versions dans des verres travaillés, accompagnée d’un glaçon XXL, cacheté au nom de l’établissement – signe d’une recherche d’expérience, de différenciation et de prestige.


Ce détail, qui peut paraître anecdotique, résume bien la transformation : l’alcool ne se consomme plus, il se savoure, se raconte, se partage… ou se décline en version totalement sans alcool, mais toujours signature.


La France n’est pas en reste : les micro-distilleries foisonnent, les bars redoublent de créativité, et la carte s’élargit entre grands classiques revisités, spiritueux locaux, vins natures, bières artisanales… ou mocktails qui n’ont plus rien à envier aux meilleurs cocktails.


Ce nouvel élan pousse aussi à la pédagogie : le client veut comprendre ce qu’il boit, connaître l’origine, l’histoire, la fabrication ; qu’il s’agisse d’un rhum arrangé, d’un vin nature du languedoc, d’une IPA de quartier ou d’une boisson détox à base de verveine et de piment d’Espelette.



Reste la question-clé : cette évolution va-t-elle durer ?


Pour nous, il y a fort à parier que, comme pour la livraison, la conjoncture actuelle laissera des traces : même si le retour à la normale finira par s’opérer, les consommateurs garderont le goût de la variété, du choix, de la découverte.


À chaque table, il y aura toujours « celui qui ne boit pas », comme il y a toujours un flexitarien ou un adepte du sans-gluten, et la restauration devra intégrer, professionnaliser, sublimer cette diversité.


Plus question de reléguer les options sans alcool à trois pauvres sodas : il faudra des mocktails signatures, des spiritueux low ou no alcohol de qualité, des expériences qui donnent envie… à tous les instants de la journée.


Pour les pros du secteur, cela implique de repenser l’offre, de former les équipes, de raconter des histoires, de miser sur la pédagogie plus que sur la montée des prix. Mais aussi de considérer la présence des bouteilles, le choix des marques, la luminosité de son bar comme autant d’opportunités de créer une atmosphère et d’ « eatertainer ».


Un défi ? Oui.


Mais aussi une formidable opportunité de donner du sens à la convivialité et à la fête, qu’elle soit raisonnable ou un peu plus folle !


L’avenir appartient à ceux qui sauront conjuguer accessibilité, premium, expérience, diversité, pédagogie et plaisir – et dans cette nouvelle ère, que l’on trinque avec ou sans alcool, le plus important restera toujours : partager un moment, se laisser surprendre, et donner envie de revenir. Avec, qui sait, un glaçon cacheté au nom de la maison pour sceller le souvenir…

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